Grand Dijon n°23 - Janvier 2011

Transcription de Grand Dijon n°23

D’un projet d’AGGLOMÉRATION à une agglomération de PROJETS

Quel regard portez-vous sur le travail accompli par le Grand Dijon au moment de célébrer son dixième anniversaire ?

Je suis avant tout fier de toutes les réalisations qui sont présentées au fil des pages de ce « spécial dixième anniversaire ». Fier des élus et des services qui m’ont permis, dès mars 2001, de porter un projet d’agglomération, et de me réjouir aujourd’hui de présider une agglomération de projets au service de ses habitants !

Mais très vite je me dis, avec inquiétude, que l’âge d’or de l’échelon intercommunal, autrement dit les 10 ans qui viennent de s’écouler depuis la transformation du District de l’agglomération dijonnaise en Communauté d’agglomération, est peut-être aujourd’hui révolu...

La réforme des collectivités territoriales, qui vient d’être votée par l’assemblée nationale, est en effet un camouflet pour le développement des territoires et va à rebours de notre histoire contemporaine qui allait depuis 30 ans dans le sens de la décentralisation de notre pays. Ayant apportées la preuve qu’autonomie rimait avec dynamisme, ce sont les collectivités qui créent en France, par leur action concurrente et stimulante, les conditions d’un nouveau développement économique, social et culturel. Et si les élus locaux font preuve de volonté politique, il est nécessaire de leur donner la capacité d’agir avec des moyens financiers pérennes, d’autant que les intercommunalités sont régulièrement appelées à remplacer les services publics d’Etat. Mais alors que la future élection des conseillers communautaires est de nature à renforcer l’action et la légitimité des communautés, la réforme fiscale, avec la suppression de la Taxe Professionnelle, fragilise leurs marges de manœuvre et leur capacité à conduire des politiques publiques locales d’envergure, handicapées par le gel des concours de l’Etat annoncé pour la période 2011-2013. Il y a là une contradiction manifeste et une menace pour l’avenir de nos territoires.

Vous avez d’ailleurs annoncé une perte de ressources pour le Grand Dijon estimée à 3,5 millions d’euros par rapport à la législation fiscale antérieure…

… Oui, mais ce n’est pas tout. Cette réforme fiscale aura d’autres effets indirects sur le budget du Grand Dijon, notamment avec la forte restriction des marges de manœuvre des départements et des régions, qui se traduira par une baisse des subventions reçues, malgré les contractualisations globales passées localement avec ces deux collectivités. C’est d’autant plus dommage que l’opposition ville/campagne, que certains se plaisent à entretenir, doit plus que jamais être dénoncée aujourd’hui, à l’heure notamment de l’approbation du Scot du Dijonnais, au service de 116 communes, ou encore de la candidature des Climats du vignoble de Bourgogne à l’Unesco afin de protéger ces sites que le monde entier nous envie ! Ce sont les Côte-d’Oriens et les Bourguignons qui viennent travailler, se divertir, chercher des services à Dijon, ce sont les Dijonnais qui vont se ressourcer, retrouver la nature, découvrir les terroirs de la campagne, etc. Cette imbrication justifie les cofinancements de la région et du département, dont les communes et communautés ont absolument besoin. Mais ce que je déplore le plus est que la réforme fiscale fait désormais peser sur les ménages, notamment à travers la taxe d’habitation, un impôt qui a été supprimé pour les entreprises ! Autrement dit, la suppression de la taxe professionnelle conduit tout droit à ce que les agglomérations qui ont fait le pari du « résidentiel » soient les grandes gagnantes de cette réforme, alors que des agglomérations comme Dijon, ô combien dynamique sur le plan économique, vont en pâtir !!! Ce qui est très alarmant pour le développement économique de notre pays…

L’agglomération dijonnaise vous paraît-elle bien armée, mieux armée que d’autres peut-être, pour faire face à cette nouvelle donne ?

Dijon grandit, avec 1882 habitants de plus par rapport au dernier recensement. C’est le fruit d’une attractivité économique, sociale et culturelle qu’il nous faut préserver. Face à la crise, le Grand Dijon n’a pas oublié l’une de ses missions fondamentales : amplifier la commande publique au service de l’emploi et des entreprises. Cette politique volontariste de construire plus de logements et bien sûr l’emblématique chantier du tramway qui s’est ouvert cette année concourent plus que jamais à créer le cercle vertueux dont a besoin notre développement local à l’aube du XXIe siècle. Je le répète souvent, particulièrement aux acteurs et aux entreprises du bâtiment et des travaux publics : un milliard d’euros aura été investi à Dijon et son agglomération d’ici 2014. Ce chiffre souligne notre volonté de maintenir le dynamisme de notre capitale régionale.

Justement : «Dijon capitale régionale»… Vous proclamez cet affichage de façon forte depuis 2001. Dijon est-elle aujourd’hui en mesure de jouer ce rôle de métropole qui rayonne sur sa région ?

Que ce soit sur le plan économique, écologique ou encore touristique, les grands projets menés par notre agglomération sont de nature à confirmer Dijon dans son rôle de métropole susceptible de tirer l’ensemble du territoire bourguignon vers le haut. C’est pourquoi le Grand Dijon développe des services dignes d’une métropole de taille européenne qui ne doit pas hésiter à tenir son rang. Nouveaux hectares de foncier économique, nouveaux quartiers d’affaires et d’habitat, grands équipements (Grand Stade, piscine olympique, musée des Beaux-Arts, Zénith…), infrastructures de transport (tramway, aéroport, nouveaux TGV, Lino…) vont lui permettre de renforcer son rayonnement. Et ce en complémentarité avec le travail engagé dans le cadre du réseau métropolitain Rhin-Rhône, dont la LGV du même nom va constituer l’épine dorsale, qui nous permet de nouer des échanges concrets entre des agglomérations importantes (de Besançon à Mulhouse) au niveau des universités, des centres hospitaliers ou des structures culturelles.